Selon la Plateforme pour la gestion des risques agricoles ou Platform for Agricultural Risk Management (PARM), le risque est un phénomène incertain découlant d’aléas naturels et d’activités humaines, avec pour conséquences des pertes physiques et monétaires. Il se distingue de la contrainte définie comme une situation ou un obstacle dont on connaît la date de survenance et les effets.
Les risques agricoles sont des risques touchant les activités des exploitations et des moyens de subsistance des agriculteurs. Plus globalement, ils touchent l’ensemble de la chaine de valeur et des entreprises apparentées, mais également le pays tout entier. Il existe plusieurs types de risques tels que les risques de production, les risques de marché, les risques financiers, les risques institutionnels et les risques humains.
Les risques de production englobent l’ensemble des aléas qui peuvent réduire la quantité et la qualité des produits agricoles (végétaux et animaux). Entre autres risques de production, il y a les aléas climatiques, les maladies et attaques des ravageurs, l’exposition aux intrants toxiques et autres catastrophes naturelles.
Les risques de marché sont liés à la disponibilité et aux fluctuations de prix des intrants et des produits, ainsi que les risques découlant de l’insuffisance des compétences en matière de gestion de l’exploitation et de commercialisation.
Les risques humains sont liés aux circonstances personnelles qui touchent l’entreprise agricole. Il peut s’agir de migrations, de maladies ou du décès d’un membre du ménage agricole ou d’un ouvrier agricole.
Les risques financiers sont liés à l’accès au crédit et peuvent être dus à la variation aléatoire des taux d’intérêt, des crédits et de la capacité de l’agriculteur à rembourser ses dettes.
Les risques institutionnels surviennent lorsque des changements inattendus nuisent à l’accès aux services, aux infrastructures et aux politiques publiques liées aux activités agricoles.
Le processus d’anticipation des risques agricoles et de prévision des solutions en vue d’en limiter les conséquences désastreuses est appelé la gestion des risques agricoles. La gestion des risques agricoles nécessite une approche intégrée, qui tient compte de l’ensemble des risques susceptibles de toucher les activités agricoles, qui explore toutes les solutions disponibles et qui implique tous les acteurs. Cela implique que chaque partie prenante doit jouer un rôle dans la gestion des risques : les exploitants agricoles doivent anticiper, évaluer et élaborer des plans d’atténuation des risques ; le gouvernement doit créer un environnement propice ; le secteur privé peut aider à élaborer les plans et à trouver des solutions.
Dans son rôle de créer un environnement propice à la gestion des risques agricoles et alimentaires, le Gouvernement du Burkina Faso avec l’appui de ses partenaires, a conçu et mis en place au profit des acteurs du secteur, plusieurs outils de gestion des risques agricoles.
Pour aider les exploitants agricoles à faire face aux risques de production, le Ministère en charge de l’Agriculture a engagé un ensemble d’investissements pour la promotion des ouvrages et technologies de maîtrise de l’eau agricole. Entre autres ouvrages et technologies, on peut citer les aménagements des plaines et bas- fonds, les techniques de restauration, récupération et conservation des eaux et des sols (demi-lunes, zaï, cordons pierreux), l’irrigation de complément. Les aménagements classiques de périmètres irrigués à maitrise totale de l’eau permettent également de produire en toute saison à l’abri du stress hydrique.
Par ailleurs, la promotion du modèle d’exploitation agricole performant et résilient qui favorise la production agricole par-dessus les saisons et permet de surmonter les stress hydriques, se présente comme un instrument de gestion des risques de production.
La vulgarisation des semences de variétés améliorées issues de la recherche agricole, avec pour caractéristiques, des cycles réduits et résistants aux stress hydriques et aux prédateurs contribue également à la gestion des risques de production.
En outre, le Gouvernement en partenariat avec la Société Nationale d’Assurances et de Réassurances (SONAR-IARD) et la Mutuelle Agricole Marocaine d’Assurance (MAMDA), a mis en place un mécanisme d’assurance agricole. Il vise à protéger le producteur, qui y a souscrit contre les risques de pertes de rendement de sa récolte suite à une insuffisance de pluie ou à une sécheresse. Sa phase pilote est axée sur la production du maïs, du sorgho et du riz pluvial, avec les poches de sécheresse comme risque à assurer, dans les régions du Centre-Ouest, de la Boucle du Mouhoun et de l’Est. Le coût de la souscription subventionnée à 50%, soit 6 193 francs CFA par hectare avec une garantie maximale de 130 000 F CFA par hectare. Ce mécanisme sera bientôt mis à l’échelle au regard de son expérimentation concluante au cours des deux dernières campagnes agricoles de saison humide.
En matière de gestion des risques financiers, soulignons la création de la Banque agricole du Faso (BADF) et du Fonds de développement agricole (FDA). Le FDA a en particulier pour objet l’octroi des crédits destinés à financer l’acquisition de matériels et équipements agricoles ainsi que la réalisation d’infrastructures de conservation et de stockage des produits agricoles.
Quant aux risques de marché, l’agriculture contractuelle en constitue un outil de gestion. Elle repose sur un contrat entre producteur et acheteur. Les deux partenaires conviennent au préalable des termes et des conditions de la production et de la commercialisation du produit agricole. Ces conditions précisent habituellement le prix à payer à l’exploitant, la quantité et la qualité du produit requis par l’acheteur et la date de la livraison. Cette forme de production agricole est fortement promue dans le cadre de l’Initiative présidentielle : « Produire un million de tonnes de riz ».
Le warrantage est également un outil de gestion des risques de marché. Il consiste pour tout agriculteur, à offrir une partie de sa récolte en garantie d’un prêt sollicité pour financer un nouveau cycle de production ou tout autre activité. Il permet de faire face à la volatilité des prix et au bradage des produits agricoles dès la fin des récoltes. La stratégie nationale de développement du warrantage entend faire de cette technique, « à l’horizon 2023, un moyen efficace de financement des activités des ménages agricoles, de création d’emplois, de réduction de la pauvreté et d’amélioration de l’approvisionnement de l’industrie agro-alimentaire en matières premières de qualité ». L’élaboration des textes juridiques relatifs à cette pratique est en cours.
Autres outils de gestion des risques de marché : les infrastructures de gestion post-récolte réalisées en vue d’accroitre les capacités de stockage, de conservation et de transformation des produits agricoles. De 2016 à nos jours, une vingtaine d’unités de transformation de produits agricoles a été construite dans les zones à forte production. Pour la conservation des produits agricoles, 268 magasins et aires de séchage, environ 100 unités de conservation de produits maraîchers et 04 comptoirs d’achat ont été réalisés.
Afin de renforcer ses capacités de gestion des risques agricoles, le Burkina Faso a intégré à la Plateforme pour la gestion des risques agricoles ou Platform for Agricultural Risk Management (PARM) qui se veut un partenariat multi-bailleurs entre les Pays en développement et les partenaires de développement visant à intégrer la gestion des risques dans les politiques agricoles nationales. Le Fonds international de développement agricole (FIDA) en assure le Secrétariat. Dans le cadre de la PARM, le Burkina Faso a lancé le processus d’élaboration de son programme national de gestion des risques agricoles. Il s’agit d’un processus s’inscrivant dans une approche holistique, prenant en compte l’identification exhaustive et l’évaluation des risques en fonction de leur fréquence et de leur sévérité, afin d’aboutir à la mise à l’échelle des outils de gestion les plus appropriés.
DCPM/Ministère de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation.